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Taino zemi
N°1501





Vue composee de l ensemble de cette partie de collection
avant sa dispersion en lot separe:

En refernce et documentation
Variantes de la collection Kerchache:




Taino zemi archeologie antilles precolombienne amerindien trigonolithe humanoide divinite yocahu porto rico saint domingue
Taino zemi
N°1501

Rare sculpture des Antilles Precolombiennes
Culture Taino - Zemi
Cette culture a ete remise en lumiere lors de l ouverture du
Musee du Quai Branly avec la Collection de Jacques Kerchache.
Culture Taino - Zemi
Cette culture a ete remise en lumiere lors de l ouverture du
Musee du Quai Branly avec la Collection de Jacques Kerchache.
Les Taïnos, ou Tainos, sont une ethnie amérindienne considérée comme distincte du groupe des Arawaks, qui occupait les grandes Antilles lors de l'arrivée des Européens au XVe siècle. Malgré leur quasi disparition au XVIe siècle, beaucoup d'Antillais, plus particulièrement des Cubains, Haïtiens, Portoricains et Dominicains continuent de se considérer comme Tainos.
L'origine des indiens tainos est controversée. Leur langue est d'origine arawak mais en analysant leur symbolique et leur mythologie, elle semble liée aux Mayas du Yucatán, du Guatemala et d'autres régions adjacentes. Rudolf Schuller dans L'Ouragan, dieux de la tourmente, et le Popol-Vuh (voir Popol Vuh), signale de nombreux parallèles avec les traditions mayas. La parenté de traits de la mythologie taina avec celle des Mayas inclut l'idée fondamentale de la dualité des démiurges : Yocahú, le père et Guabancex, la mère serpent, dont l'accouplement préside le cycle solaire.
Leur société se divisait en trois classes sociales distinctes :
les Naborias ou villageois travaillant la terre,
les Nitaínos considérés comme les nobles des tribus,
les Bohiques, chamans ou prêtres qui représentaient les croyances religieuses et le Cacique connu aussi sous le nom de "Guare", chef de la tribu ou "Yucayeque". De plus, il existait un chef suprême auquel les Caciques devaient verser un tribut.
L'origine des indiens tainos est controversée. Leur langue est d'origine arawak mais en analysant leur symbolique et leur mythologie, elle semble liée aux Mayas du Yucatán, du Guatemala et d'autres régions adjacentes. Rudolf Schuller dans L'Ouragan, dieux de la tourmente, et le Popol-Vuh (voir Popol Vuh), signale de nombreux parallèles avec les traditions mayas. La parenté de traits de la mythologie taina avec celle des Mayas inclut l'idée fondamentale de la dualité des démiurges : Yocahú, le père et Guabancex, la mère serpent, dont l'accouplement préside le cycle solaire.
Leur société se divisait en trois classes sociales distinctes :
les Naborias ou villageois travaillant la terre,
les Nitaínos considérés comme les nobles des tribus,
les Bohiques, chamans ou prêtres qui représentaient les croyances religieuses et le Cacique connu aussi sous le nom de "Guare", chef de la tribu ou "Yucayeque". De plus, il existait un chef suprême auquel les Caciques devaient verser un tribut.
( Objet n etant pas a ce jour considere comme bien culturel
soumis a une restriction de circulation! )
soumis a une restriction de circulation! )
Delicat objet representant:

Tres rare tete trigonilithe a morphologie humanoide de culture Taino
Granite noir ou sorte de diorite.
Hauteur 15,8 cm - Longueur 19,5 cm
Epaisseur 8,5 cm - Poids 2600 gr
Datable de maniere incertaine vers le 8e ou 9e Siecle
Objet collecte vers 1950
Tres bon etat de conservation.
Jolie patine de surface non nettoyee
La datation est assez generale et approximative.

Tres rare tete trigonilithe a morphologie humanoide de culture Taino
Granite noir ou sorte de diorite.
Hauteur 15,8 cm - Longueur 19,5 cm
Epaisseur 8,5 cm - Poids 2600 gr
Datable de maniere incertaine vers le 8e ou 9e Siecle
Objet collecte vers 1950
Tres bon etat de conservation.
Jolie patine de surface non nettoyee
Trigonolithe à 3
pointes, la pointe centrale forme une montagne stylisée ornée sur le
haut d'un beau décor incisé avec lignes concentriques. L extrémité présente une
tête de divinité, les yeux ouverts, symbole de la vision extra-lucide
du shaman. La bouche également grande ouverte est une allégorie de la
parole sacrée et de la tradition. L'expression du visage est
vigoureuse. Cette oeuvre présente un renflement central évoquant
probablement le sein maternel et nourricier. Elle symbolise dans sa
belle forme équilibrée le couple primordial: la virilité et la
fécondité, toutes deux complémentaires et indispensables à la
germination et à la procréation. Toujours d'après lui, la forme
délicate et sensuelle rappelle la nourriture de base des indiens Taïno:
l'igname, tubercule à racine tripode prenant sa force et sa vigueur au
coeur de l'obscurité de la terre. D'autre part, comme il est d'usage
dans toute la Méso-Amérique, les indiens entretiennent une relation
particulière avec le monde animal, chaque shaman arborant son animal
totem dans ses parures ou dans ses masques. L'artiste n'a pas oublié
cette relation dans le trigonolithe: il a sculpté deux oreilles félines
dressées aux aguets sur chaque tête. D'après Antonio de Torres, la
société Taino est dirigée par des chefs de clans: des "caciques". Chacun
possède trois pierres qui font l'objet d'une grande dévotion et
possèdent des vertus qui leur sont propres comme la fertilité, attirer
la foudre pour le feu, ou encore faire tomber la pluie. Ces pierres de
pouvoir étaient conservées dans la maison - temple du cacique. Par
l'intermédiaire du prêtre shaman, on leur adressait des prières et
célébrait des rites visant à s'attirer leur bienveillance. D'après M.
Alfredo Carrada, ce trigonolithe représente probablement le dieu Yocahu,
qui signifie "le père créateur". Cette divinité vit dans le ciel, c'est
un être immortel que personne ne peut voir et bien qu'il ait une mère,
il n'a pas de début à son existence. C'est la divinité suprême,
invisible et intangible. Pour conclure, M. Kerchache indique: ",,, les
pierres à trois pointes abstraites dont les lignes virtuelles suggèrent
plus qu'elles ne disent, n'ont pu être créées que par une sorte de
Brancusi des Grandes Antilles... Elles sont des oeuvres pleines d'amour,
notre exemplaire incarne sans nul doute ces belles pensées par des
formes si délicates et réfléchies...". Taïno, période Arawak. Grandes
Antilles, Porto Rico ou Saint Domingue. 600 - 900 après JC.
La datation est assez generale et approximative.




Vue composee de l ensemble de cette partie de collection
avant sa dispersion en lot separe:

En refernce et documentation
Variantes de la collection Kerchache:



Les Taïnos, ou Tainos, sont une ethnie amérindienne considérée comme distincte du groupe des Arawaks, qui occupait les grandes Antilles lors de l'arrivée des Européens au XVe siècle. Malgré leur quasi disparition au XVIe siècle, beaucoup d'Antillais, plus particulièrement des Cubains, Haïtiens, Portoricains et Dominicains continuent de se considérer comme Tainos.
L'origine des indiens tainos est controversée. Leur langue est d'origine arawak mais en analysant leur symbolique et leur mythologie, elle semble liée aux Mayas du Yucatán, du Guatemala et d'autres régions adjacentes. Rudolf Schuller dans L'Ouragan, dieux de la tourmente, et le Popol-Vuh , signale de nombreux parallèles avec les traditions mayas. La parenté de traits de la mythologie taina avec celle des Mayas inclut l'idée fondamentale de la dualité des démiurges : Yocahú, le père et Guabancex, la mère serpent, dont l'accouplement préside le cycle solaire.
Leur société se divisait en trois classes sociales distinctes :
les Naborias ou villageois travaillant la terre,
les Nitaínos considérés comme les nobles des tribus,
les Bohiques, chamans ou prêtres qui représentaient les croyances religieuses et le Cacique connu aussi sous le nom de "Guare", chef de la tribu ou "Yucayeque". De plus, il existait un chef suprême auquel les Caciques devaient verser un tribut.
Les caciques tainos : Les tainos étaient divisés en un grand nombre de cacicazgos ("zone d'un cacique") de dimension inégale, parfois tributaires d'autres cacicazgos. Le chroniqueur Fernández de Oviedo relate qu'à Hispaniola se trouvaient cinq grands caciques en dessous desquels gouvernaient d'autres caciques de moindre importance.
Ils décoraient leur corps de tatouages religieux pour se protéger des mauvais esprits, et ornaient leurs oreilles et lèvres avec de l'or, de l'argent, des pierres, os ou coquillages. Ils confectionnaient entre autres des paniers, des poteries en céramique, ils sculptaient le bois, fabriquaient des filets et travaillaient l'or, abondant dans les cours d'eau de Porto Rico. Les Espagnols récoltèrent plus de dix tonnes d'or en épuisant les réserves de l'île et en spoliant les quelques objets d'intérêt que contenaient les meubles des caciques.
Cémi, ou zémi (Lombards Museum).
Ils croyaient en deux dieux : celui du Bien (Yukiyú) et celui du mal (Juracán).
Le monde taino était divisé en quatre parties et un centre que gouvernaient respectivement le soleil et son jumeau Guatauba, tous deux fils du Dieu Yocahú, créateur des montagnes et du feu. Coastrique, jumeau nocturne de la mort, gouvernait les trombes d'eau, faisant apparaître le mythe du déluge dû à l'influence continentale.
Dans la structure politico-sociale, de caractère théocratique et guerrier, le cacique et le bohique représentent les pouvoirs surnaturels du dieu de la nuit. Le mot cacique, par exemple, contient la syllabe ca de cauni, or car le cacique représentait le pouvoir solaire du dieu du feu; bohique tient ses origines de boa, coa ou toa, et de la maison rectangulaire, le bohio, associée à la moitié serpent de la tribu, en son ordre relevant du principe de dualité. Il semble être avéré que le cycle mythologique du Popol-Vuh exerça une forte influence aux Antilles. Cependant, le trait le plus caractéristique de la mythologie taina fut de comparer les esprits aux hommes, animaux, plantes et aux êtres inanimés. Cet animisme conférait au chaman de grands pouvoirs du fait qu'il était le seul être capable de dominer les esprits. À cette fin, il confectionnait des idoles en coton, pierre, os, coquillages, etc., qui recevaient le nom de cemíes. Les cemíes possédaient des pouvoirs sur l'Homme en ce qu'ils contenaient les esprits régissant les activités humaines. En 1907, Fewkes étudia les idoles tainos et aboutit à la conclusion suivante : les tainos croyaient en deux êtres surnaturels appelés cemies qui étaient les géniteurs des autres. Ces deux pères créateurs étaient symbolisés par des idoles en pierre, en bois ou en argile, auxquelles les indiens adressaient leurs prières, et en présence desquelles ils célébraient les rites visant à implorer l'abondance de fruits et le bonheur de l'espèce humaine. Un groupe de ces êtres surnaturels, los cemies, représentaient les ancêtres du clan. Le culte de ces idoles était soumis aux familles et leurs images étaient gardées dans la maison-temple du cacique. Ramón Pané, moine qui entre 1494 et 1498 vécut parmi les tainos de Saint-Domingue, clarifie le propos des croyances religieuses : Yocahú (le père créateur) vit au ciel, c'est un être immortel que personne ne peut voir, et bien qu'il ait une mère il n'y a pas de début à son existence. Sa mère, déesse existant depuis toujours également, possède différents noms : Atabex, Yermaoguacar, Apito et Zuimaco. Quand Oviedo parle du couple divin, déclare : "Le cemi est le seigneur du monde, du ciel et de la terre. Yocahú est la divinité suprême, fils et grand-père mythique, invisible et intangible comme le feu, comme le vent, le soleil et la lune." Dans les musées de Porto Rico et de Saint-Domingue, on peut admirer une grande quantité de ces étranges idoles, les cemíes, dont la forme a suscité parmi les "ovniologues" les croyances et spéculations les plus folles.
Les principaux rituels mettaient en scène des danses sacrées appelées areytos accompagnées de divers instruments, principalement du tambour. Le tabac était une des plantes les plus utilisées [lors de ces rituels]. L'arbre de cohoba était utilisé au cours d'une cérémonie religieuse "le rituel de la cohoba" où le cacique, le bohique et les nitaìnos entraient en contact avec les esprits.
La situation précoloniale de la Caraïbe reste un objet d'étude très peu connu.
La section des Amériques est en ce sens particulièrement intéressante. Elle est ouverte justement par les Taïnos (c’est la troisième fois que nous les rencontrons dans ces quelques lignes). Il s’agit, bien sûr, de Taïnos "purs", non contaminés: leur production s’arrête à 1492, quand Colomb met les pieds aux Antilles. Or, il ne s’agit évidemment pas de nier la portée dramatique du génocide qui les a littéralement anéantis, mais de comprendre qu’une partie importante des frêles traces matérielles qui nous restent de cette culture est née justement dans la “contamination”, comme tentative désespérée, mais hautement créative, de comprendre (dans tous les sens) la culture de l’envahisseur. Le même raisonnement d’ailleurs pourrait être fait pour les “Aztèques”, qui sont arrêtés en 1521: c’est la chute de Tenochtitlan… Comme si ces deux cultures avaient cessé d’être telles, de penser, dès la rencontre fatale avec l’Europe, mieux encore, avec l’Espagne… il y a là plus d’un clin d’œil à la “légende noire”. Car, au-delà de l’horreur intégrale du massacre des Amérindiens (je viens de le dire, je le répète pour éviter les malentendus), ce que vise la philosophie de ce musée est autre chose : en élevant au niveau d’un paradigme une inexistante “pureté” originelle, exempte de métissage, on fige l’Autre dans une sorte de fantasmatique présent hors du temps, arrêté à jamais au seuil de la Modernité (cf. A ce propos André Desvallées, Quai Branly : Un miroir aux alouettes ? A propos d’ethnographie et d’ “arts premiers”, L’Harmattan, 2008). En effet, que nous est-il raconté de l’histoire des Taïnos ou des Mexicas, si riche en contacts, en échanges, en métissages ? Niente, le Musée se tait ! Comme si cette histoire n’avait jamais existé... Ainsi, de ces cultures – les Taïnos, les Mexicas, mais la même logique est à l’œuvre, bien sûr, pour tous les continents traversés par le musée – nous sommes condamnés à ne rien comprendre (N.B. Oui, Mexicas, s’ils vous plaît, qui était le nom du peuple que les Espagnols ont rencontré et défait sur le sol, justement, mexicain : “Aztèques” renvoie à leurs ancêtres légendaires – comme l’a souligné Serge Gruzinski, c’est comme si on appelait les Romains... Troyens ! --- v. par ex. Boris Jeanne, “Entretien avec Serge Gruzinski, Tracés. Revue de Sciences humaines, n° 12, Faut-il avoir peur du relativisme,” mai 2007, p.195-206, maintenant aussi en ligne : http://traces.revues.org/index223.html)
Une oeuvre proche est passee recemment en vente:
44 Estimation : 30 000 - 40 000 € Résultat : 31000 €
EXCEPTIONNEL TRIGONOLITHE à 3 pointes, la pointe centrale forme une montagne stylisée ornée sur le haut d'un beau décor incisé avec lignes concentriques. Une cavité aménagée devait probablement permettre la préparation de potions aux vertus hallucinogènes ou prophylactiques. Chaque extrémité présente deux têtes de divinité, les yeux ouverts, symbole de la vision extra-lucide du shaman. La bouche également grande ouverte est une allégorie de la parole sacrée et de la tradition. L'expression des visages est vigoureuse. Cette oeuvre présente un renflement central évoquant probablement le sein maternel et nourricier. Elle symbolise dans sa belle forme équilibrée le couple primordial: la virilité et la fécondité, toutes deux complémentaires et indispensables à la germination et à la procréation. D'après M. Kerchache, ce syncrétisme est parfait et il ne s'y mêle aucune notion de domination mais seulement l'idée de la complémentarité des formes. Toujours d'après lui, la forme délicate et sensuelle rappelle la nourriture de base des indiens Taïno: l'igname, tubercule à racine tripode prenant sa force et sa vigueur au coeur de l'obscurité de la terre. D'autre part, comme il est d'usage dans toute la Méso-Amérique, les indiens entretiennent une relation particulière avec le monde animal, chaque shaman arborant son animal totem dans ses parures ou dans ses masques. L'artiste n'a pas oublié cette relation dans le trigonolithe: il a sculpté deux oreilles félines dressées aux aguets sur chaque tête. D'après Antonio de Torres, la société Taino est dirigée par des chefs de clans: des "caciques". Chacun possède trois pierres qui font l'objet d'une grande dévotion et possèdent des vertus qui leur sont propres comme la fertilité, attirer la foudre pour le feu, ou encore faire tomber la pluie. Ces pierres de pouvoir étaient conservées dans la maison - temple du cacique. Par l'intermédiaire du prêtre shaman, on leur adressait des prières et célébrait des rites visant à s'attirer leur bienveillance. D'après M. Alfredo Carrada, ce trigonolithe représente probablement le dieu Yocahu, qui signifie "le père créateur". Cette divinité vit dans le ciel, c'est un être immortel que personne ne peut voir et bien qu'il ait une mère, il n'a pas de début à son existence. C'est la divinité suprême, invisible et intangible. Pour conclure, M. Kerchache indique: ",,, les pierres à trois pointes abstraites dont les lignes virtuelles suggèrent plus qu'elles ne disent, n'ont pu être créées que par une sorte de Brancusi des Grandes Antilles... Elles sont des oeuvres pleines d'amour, notre exemplaire incarne sans nul doute ces belles pensées par des formes si délicates et réfléchies...". Taïno, période Arawak. Grandes Antilles, Porto Rico ou Saint Domingue. 600 - 900 après JC. 34,5 x 17,5 x 15 cm. Provenance : Acquis par M. Edouard Copper Royer dans la première moitié du XXème siècle. Collection Monsieur Thierry Cruchet, France. Bibliographie : Reproduit dans l'ouvrage "Tainos, Peuple d'Amour" Sous la direction de Bernard Michaut. Ed. Cruchet, décembre 2007, p.58-59-60-61. Pour des exemplaires proches: Ancienne collection du Musée d'Ethnographie du Trocadéro, don de M. de Loubat, 1893. Musée du Quai Branly, n° inventaire 71, 1893, 60,1. "Taïno, Pre-columbian art and culture from the Carribean" El Museo del Barrio, Ed. The Monacelli Press, 1997, pp.94, fig.69. "L'Art Taïno" Musée du Petit Palais, Sous la direction de Jacques Kerchache, catalogue d'exposition 24 février-29 mai 1994, p.192 à 197.
L'origine des indiens tainos est controversée. Leur langue est d'origine arawak mais en analysant leur symbolique et leur mythologie, elle semble liée aux Mayas du Yucatán, du Guatemala et d'autres régions adjacentes. Rudolf Schuller dans L'Ouragan, dieux de la tourmente, et le Popol-Vuh , signale de nombreux parallèles avec les traditions mayas. La parenté de traits de la mythologie taina avec celle des Mayas inclut l'idée fondamentale de la dualité des démiurges : Yocahú, le père et Guabancex, la mère serpent, dont l'accouplement préside le cycle solaire.
Leur société se divisait en trois classes sociales distinctes :
les Naborias ou villageois travaillant la terre,
les Nitaínos considérés comme les nobles des tribus,
les Bohiques, chamans ou prêtres qui représentaient les croyances religieuses et le Cacique connu aussi sous le nom de "Guare", chef de la tribu ou "Yucayeque". De plus, il existait un chef suprême auquel les Caciques devaient verser un tribut.
Les caciques tainos : Les tainos étaient divisés en un grand nombre de cacicazgos ("zone d'un cacique") de dimension inégale, parfois tributaires d'autres cacicazgos. Le chroniqueur Fernández de Oviedo relate qu'à Hispaniola se trouvaient cinq grands caciques en dessous desquels gouvernaient d'autres caciques de moindre importance.
Ils décoraient leur corps de tatouages religieux pour se protéger des mauvais esprits, et ornaient leurs oreilles et lèvres avec de l'or, de l'argent, des pierres, os ou coquillages. Ils confectionnaient entre autres des paniers, des poteries en céramique, ils sculptaient le bois, fabriquaient des filets et travaillaient l'or, abondant dans les cours d'eau de Porto Rico. Les Espagnols récoltèrent plus de dix tonnes d'or en épuisant les réserves de l'île et en spoliant les quelques objets d'intérêt que contenaient les meubles des caciques.
Cémi, ou zémi (Lombards Museum).
Ils croyaient en deux dieux : celui du Bien (Yukiyú) et celui du mal (Juracán).
Le monde taino était divisé en quatre parties et un centre que gouvernaient respectivement le soleil et son jumeau Guatauba, tous deux fils du Dieu Yocahú, créateur des montagnes et du feu. Coastrique, jumeau nocturne de la mort, gouvernait les trombes d'eau, faisant apparaître le mythe du déluge dû à l'influence continentale.
Dans la structure politico-sociale, de caractère théocratique et guerrier, le cacique et le bohique représentent les pouvoirs surnaturels du dieu de la nuit. Le mot cacique, par exemple, contient la syllabe ca de cauni, or car le cacique représentait le pouvoir solaire du dieu du feu; bohique tient ses origines de boa, coa ou toa, et de la maison rectangulaire, le bohio, associée à la moitié serpent de la tribu, en son ordre relevant du principe de dualité. Il semble être avéré que le cycle mythologique du Popol-Vuh exerça une forte influence aux Antilles. Cependant, le trait le plus caractéristique de la mythologie taina fut de comparer les esprits aux hommes, animaux, plantes et aux êtres inanimés. Cet animisme conférait au chaman de grands pouvoirs du fait qu'il était le seul être capable de dominer les esprits. À cette fin, il confectionnait des idoles en coton, pierre, os, coquillages, etc., qui recevaient le nom de cemíes. Les cemíes possédaient des pouvoirs sur l'Homme en ce qu'ils contenaient les esprits régissant les activités humaines. En 1907, Fewkes étudia les idoles tainos et aboutit à la conclusion suivante : les tainos croyaient en deux êtres surnaturels appelés cemies qui étaient les géniteurs des autres. Ces deux pères créateurs étaient symbolisés par des idoles en pierre, en bois ou en argile, auxquelles les indiens adressaient leurs prières, et en présence desquelles ils célébraient les rites visant à implorer l'abondance de fruits et le bonheur de l'espèce humaine. Un groupe de ces êtres surnaturels, los cemies, représentaient les ancêtres du clan. Le culte de ces idoles était soumis aux familles et leurs images étaient gardées dans la maison-temple du cacique. Ramón Pané, moine qui entre 1494 et 1498 vécut parmi les tainos de Saint-Domingue, clarifie le propos des croyances religieuses : Yocahú (le père créateur) vit au ciel, c'est un être immortel que personne ne peut voir, et bien qu'il ait une mère il n'y a pas de début à son existence. Sa mère, déesse existant depuis toujours également, possède différents noms : Atabex, Yermaoguacar, Apito et Zuimaco. Quand Oviedo parle du couple divin, déclare : "Le cemi est le seigneur du monde, du ciel et de la terre. Yocahú est la divinité suprême, fils et grand-père mythique, invisible et intangible comme le feu, comme le vent, le soleil et la lune." Dans les musées de Porto Rico et de Saint-Domingue, on peut admirer une grande quantité de ces étranges idoles, les cemíes, dont la forme a suscité parmi les "ovniologues" les croyances et spéculations les plus folles.
Les principaux rituels mettaient en scène des danses sacrées appelées areytos accompagnées de divers instruments, principalement du tambour. Le tabac était une des plantes les plus utilisées [lors de ces rituels]. L'arbre de cohoba était utilisé au cours d'une cérémonie religieuse "le rituel de la cohoba" où le cacique, le bohique et les nitaìnos entraient en contact avec les esprits.
La situation précoloniale de la Caraïbe reste un objet d'étude très peu connu.
La section des Amériques est en ce sens particulièrement intéressante. Elle est ouverte justement par les Taïnos (c’est la troisième fois que nous les rencontrons dans ces quelques lignes). Il s’agit, bien sûr, de Taïnos "purs", non contaminés: leur production s’arrête à 1492, quand Colomb met les pieds aux Antilles. Or, il ne s’agit évidemment pas de nier la portée dramatique du génocide qui les a littéralement anéantis, mais de comprendre qu’une partie importante des frêles traces matérielles qui nous restent de cette culture est née justement dans la “contamination”, comme tentative désespérée, mais hautement créative, de comprendre (dans tous les sens) la culture de l’envahisseur. Le même raisonnement d’ailleurs pourrait être fait pour les “Aztèques”, qui sont arrêtés en 1521: c’est la chute de Tenochtitlan… Comme si ces deux cultures avaient cessé d’être telles, de penser, dès la rencontre fatale avec l’Europe, mieux encore, avec l’Espagne… il y a là plus d’un clin d’œil à la “légende noire”. Car, au-delà de l’horreur intégrale du massacre des Amérindiens (je viens de le dire, je le répète pour éviter les malentendus), ce que vise la philosophie de ce musée est autre chose : en élevant au niveau d’un paradigme une inexistante “pureté” originelle, exempte de métissage, on fige l’Autre dans une sorte de fantasmatique présent hors du temps, arrêté à jamais au seuil de la Modernité (cf. A ce propos André Desvallées, Quai Branly : Un miroir aux alouettes ? A propos d’ethnographie et d’ “arts premiers”, L’Harmattan, 2008). En effet, que nous est-il raconté de l’histoire des Taïnos ou des Mexicas, si riche en contacts, en échanges, en métissages ? Niente, le Musée se tait ! Comme si cette histoire n’avait jamais existé... Ainsi, de ces cultures – les Taïnos, les Mexicas, mais la même logique est à l’œuvre, bien sûr, pour tous les continents traversés par le musée – nous sommes condamnés à ne rien comprendre (N.B. Oui, Mexicas, s’ils vous plaît, qui était le nom du peuple que les Espagnols ont rencontré et défait sur le sol, justement, mexicain : “Aztèques” renvoie à leurs ancêtres légendaires – comme l’a souligné Serge Gruzinski, c’est comme si on appelait les Romains... Troyens ! --- v. par ex. Boris Jeanne, “Entretien avec Serge Gruzinski, Tracés. Revue de Sciences humaines, n° 12, Faut-il avoir peur du relativisme,” mai 2007, p.195-206, maintenant aussi en ligne : http://traces.revues.org/index223.html)
Une oeuvre proche est passee recemment en vente:
44 Estimation : 30 000 - 40 000 € Résultat : 31000 €
EXCEPTIONNEL TRIGONOLITHE à 3 pointes, la pointe centrale forme une montagne stylisée ornée sur le haut d'un beau décor incisé avec lignes concentriques. Une cavité aménagée devait probablement permettre la préparation de potions aux vertus hallucinogènes ou prophylactiques. Chaque extrémité présente deux têtes de divinité, les yeux ouverts, symbole de la vision extra-lucide du shaman. La bouche également grande ouverte est une allégorie de la parole sacrée et de la tradition. L'expression des visages est vigoureuse. Cette oeuvre présente un renflement central évoquant probablement le sein maternel et nourricier. Elle symbolise dans sa belle forme équilibrée le couple primordial: la virilité et la fécondité, toutes deux complémentaires et indispensables à la germination et à la procréation. D'après M. Kerchache, ce syncrétisme est parfait et il ne s'y mêle aucune notion de domination mais seulement l'idée de la complémentarité des formes. Toujours d'après lui, la forme délicate et sensuelle rappelle la nourriture de base des indiens Taïno: l'igname, tubercule à racine tripode prenant sa force et sa vigueur au coeur de l'obscurité de la terre. D'autre part, comme il est d'usage dans toute la Méso-Amérique, les indiens entretiennent une relation particulière avec le monde animal, chaque shaman arborant son animal totem dans ses parures ou dans ses masques. L'artiste n'a pas oublié cette relation dans le trigonolithe: il a sculpté deux oreilles félines dressées aux aguets sur chaque tête. D'après Antonio de Torres, la société Taino est dirigée par des chefs de clans: des "caciques". Chacun possède trois pierres qui font l'objet d'une grande dévotion et possèdent des vertus qui leur sont propres comme la fertilité, attirer la foudre pour le feu, ou encore faire tomber la pluie. Ces pierres de pouvoir étaient conservées dans la maison - temple du cacique. Par l'intermédiaire du prêtre shaman, on leur adressait des prières et célébrait des rites visant à s'attirer leur bienveillance. D'après M. Alfredo Carrada, ce trigonolithe représente probablement le dieu Yocahu, qui signifie "le père créateur". Cette divinité vit dans le ciel, c'est un être immortel que personne ne peut voir et bien qu'il ait une mère, il n'a pas de début à son existence. C'est la divinité suprême, invisible et intangible. Pour conclure, M. Kerchache indique: ",,, les pierres à trois pointes abstraites dont les lignes virtuelles suggèrent plus qu'elles ne disent, n'ont pu être créées que par une sorte de Brancusi des Grandes Antilles... Elles sont des oeuvres pleines d'amour, notre exemplaire incarne sans nul doute ces belles pensées par des formes si délicates et réfléchies...". Taïno, période Arawak. Grandes Antilles, Porto Rico ou Saint Domingue. 600 - 900 après JC. 34,5 x 17,5 x 15 cm. Provenance : Acquis par M. Edouard Copper Royer dans la première moitié du XXème siècle. Collection Monsieur Thierry Cruchet, France. Bibliographie : Reproduit dans l'ouvrage "Tainos, Peuple d'Amour" Sous la direction de Bernard Michaut. Ed. Cruchet, décembre 2007, p.58-59-60-61. Pour des exemplaires proches: Ancienne collection du Musée d'Ethnographie du Trocadéro, don de M. de Loubat, 1893. Musée du Quai Branly, n° inventaire 71, 1893, 60,1. "Taïno, Pre-columbian art and culture from the Carribean" El Museo del Barrio, Ed. The Monacelli Press, 1997, pp.94, fig.69. "L'Art Taïno" Musée du Petit Palais, Sous la direction de Jacques Kerchache, catalogue d'exposition 24 février-29 mai 1994, p.192 à 197.